vendredi 16 mai 2008
Un aveu.
Je ne pense pas avoir jamais dit "je t'aime maman", avec des mots en tout cas. Non que je ne l'aie pas pensé, au contraire, mais il me semblait que c'était là les mots les plus difficiles à dire. Parce qu'après, on ne peut plus décevoir. On ne peut pas aimer et ne plus aimer ensuite. Il y a dans cet aveu quelque chose de tout à fait définitif et je fis donc le choix, très jeune, de le lui faire comprendre, sans avoir à le lui avouer. Je tachai d'être poli, de ranger ma chambre régulièrement, de finir mon assiette de légumes. Je ne lui coupai jamais la parole, m'efforçai de la trouver la plus jolie lorsqu'elle sortait de chez le coiffeur (même si parfois, ledit coiffeur avait eu la main lourde) et surtout, attendais avec impatience ces moment où il m'était donné de pouvoir lui dire plus fort mon amour. C'était bien sûr, le jour de son anniversaire. mais celui qui avait ma préférence est celui de la Fête des Mères. Colliers de nouilles, poèmes lamentables, dessins horrifiques, bracelets en toc, copie de foulards de grandes marques, je lui ai tout fait sans qu'elle ne se soit jamais plainte. Elle me remerciait d'un baiser poli, tendre parfois; mais le jour où j'ai vu dans ses yeux, le jour où j'ai senti son coeur battre plus fort lorsqu'elle m'a alors serré contre elle, c'est le jour où je lui ai offert des fleurs. Elle m'a alors regardé, comme si j'avais grandi, comme si j'étais presque devenu un homme, et elle a eu cette phrase merveilleuse: "Un jour, je t'ai donné la vie et aujourd'hui, avec ces fleurs, c'est toi qui me la donne, merci".
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